mercredi 9 juin 2010

Les clients d’EDF pris en otage par les intégristes du marché

Extrait de l'article de Jack Dion, Marianne 2, le Mardi 8 Juin 2010; http://www.marianne2.fr/Les-clients-d-EDF-pris-en-otage-par-les-integristes-du-marche_a193846.html



" Grâce à la nationalisation d’EDF, héritage de la Libération, la France a longtemps pu s’enorgueillir de posséder une entreprise publique performante et efficace. Certes, la machine tournait parfois au lobby, écoutant peu les voix alternatives (notamment dans le domaine du nucléaire), mais, grosso modo, elle assurait à ses clients un courant à des tarifs sans comparaison en Europe ; au pays, une indépendance énergétique enviable ; à ses salariés, un statut social appréciable.

Seulement voilà : les Mammouths de la commission de Bruxelles ont lancé la chasse aux monopoles publics, et donc à EDF. C’est à ce titre qu’il a fallu libéraliser le marché de l’électricité, en 2007, au nom de la « concurrence libre et non faussée », comme on dit chez ces gens-là. L’affaire ne s’étant pas avérée probante, à leurs yeux, EDF va devoir faire un peu de place à ses concurrents dans des conditions telles que le consommateur devra payer la note.

L’Assemblée nationale examine donc le projet de réforme du marché de l’électricité à partir d’aujourd’hui. C’est une petite bombe. Actuellement, EDF produit de l’électricité au prix de 34€ le mégawat/heure. Les rares opérateurs privés qui se sont lancés sur le marché (comme Poweo, GDF Suez ou Direct Energie) sont incapables de s’aligner sur de tels tarifs. L’idée est donc de contraindre EDF à vendre le quart de sa production d’électricité d’origine nucléaire à ses concurrents à un tarif assez favorable pour qu’ils puissent plonger dans le grand bain de la « concurrence libre et non faussée » en taillant des croupières à l’entreprise publique.

Mais il faudra bien que quelqu’un compense le manque à gagner pour EDF. Ce sera le consommateur. De fait, les experts de la Commission de Régulation de l’énergie (CRE) ont d’ores et déjà prévu une flambée des prix de l’électricité de 11,4% après le vote de la loi, puis de 3,5% par an, soit jusqu’à 25% d’ici à 2015.
Tout ça pour faire émerger des entreprises capables, un jour, de faire match égal avec EDF, comme si le marché de l’énergie était une sorte de tournoi de Rolland Garros de l’électricité. D’ailleurs, c’est un principe de base : partout où le marché de l’électricité a été privatisé, les prix ont augmenté."

Aucun commentaire: